En conformité aux exigences du système LMD mis en œuvre depuis quelques années, l’Université d’Abomey-Calavi va bientôt passer de six semestres de cours à huit semestres. Pour les responsables des organisations estudiantines les plus représentatives de ce haut lieu de savoir, même si cette disposition à tout son sens, la mise en exécution ne pourrait être effective dans un contexte où toutes les conditions ne sont pas réunies pour passer à la réforme.
«Les huit semestres se veulent être une exigence du système LMD. Dans le système LMD, ils ont donné huit semestres, c’est-à-dire 04 ans à un étudiant pour finir la Licence. Mais, ils oublient que ce système nous demande aussi des efforts financiers. Ce système impose aussi des conditions à remplir, le ratio de 25 étudiants par enseignant. Regardez chers camarades, il y a des amphithéâtres où les gens sont plus de 2.000 ou 3.000 étudiants. Dans les normes du système LMD, on ne peut plus travailler dans des amphithéâtres de ce genre, ça doit être des modules de classes. Mais nos dirigeants ne veulent rien faire pour remplir ces conditions et c’est ce qui les arrange qu’ils veulent faire. Camarades étudiants, il faut comprendre que les conditions ne sont pas réunies ». Ces propos de Josué Houngbedji, président de l’Union Nationale des Scolaires et Etudiants du Bénin (UNSEB) tenus lors de l’assemblée générale du vendredi 06 mars 2020 renseigne sur la position de l’organisation estudiantine au sujet de la question du basculement à huit semestres de cours à l’Université d’Abomey-Calavi en respect aux exigences de l’application des recommandations du système LMD. Pour le responsable des étudiants, des préalables restent à remplir avant la mise en application de cette recommandation. Même son de cloche du côté de son collègue Venceslas Edoh Akakpo, président de la Fédération Nationale des Etudiants du Bénin (FNEB) qui estime également que les conditions ne sont pas réunies pour qu’on parle de huit semestres. « Huit semestres veulent dire simplement que l’étudiant qui s’inscrit en première année doit faire exactement quatre ans pour avoir sa Licence, parce que chaque année est séquencée en deux semestres. Donc, l’étudiant à quatre ans rigoureusement pour finir. C’est ce que le système LMD a recommandé, mais nous savons tous qu’à l’UAC nous n’appliquons pas encore le système LMD parce que cela a posé des conditions. Pour un amphithéâtre, le ratio c’est qu’il faut 25 étudiants pour un professeur et dans une matière, il ne doit pas avoir un seul professeur. Il y aura un professeur qui va faire le cours, un professeur pour le TD et un professeur qui va faire la mise à niveau pour voir si le cours a été bien assimilé. Il va voir si les étudiants ont bien compris. C’est après cela qu’on passe à la session pour composer. Nous savons que les professeurs qui sont à l’UAC sont pour la plupart dans les administrations et ne viennent pratiquement pas au cours. C’est quand on dit qu’il y a session qu’ils viennent pour faire deux heures et laisser les polycopies aux étudiants. Donc, les conditions ne sont pas réunies pour qu’on parle de huit semestres », souligne le président de la FNEB pour montrer qu’il reste à faire pour une mise en application normale et réussie.
Les préalables des organisations estudiantines pour une application des huit semestres
Nous les étudiants, explique Venceslas Edoh Akakpo, ne sommes pas contre les huit semestres parce que c’est ce que les textes du LMD ont prévu, mais les conditions ne nous permettent pas d’appliquer cela. « C’est dans les mêmes conditions que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Si un professeur ne fait pas le nombre d’heures de cours exigées par la pédagogie, nous n’allons pas composer dans sa matière », confie-il avant d’ajouter : « ce que nous disons, ce n’est pas que nous sommes contre les huit semestres mais c’est qu’avant la mise en œuvre, il faut que les conditions que nous demandons soient remplies. Les étudiants sont tellement nombreux dans les amphithéâtres, on dirait dans une salle de spectacle. Lorsque les conditions seront réunies, pas de problème. Avant d’aborder les huit semestres, il faut qu’on donne le minimum aux étudiants ». A la lumière de ces interventions, il convient de retenir que les étudiants ne sont pas d’accord de la mise en œuvre stricte de cette réforme. Laquelle, selon eux, ne respecte en rien les normes préalablement requises dans le système LMD.
Edouard KATCHIKPE