Genre, quand tu nous tiens, tu nous retiens et nous tue ! - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

Genre, quand tu nous tiens, tu nous retiens et nous tue !

7 mins read

Je regardais la grisaille du matin parisien loin de mon pays natal plein de soleil et de vie. Je fus soudain convaincu que le miracle existait. Pour la première fois, je vis une madone arabe en face de ma morne fenêtre. De l’autre côté de la cour, elle regardait aussi le spectacle de ce malheureux matin qui à force d’être morne invitait à la mélancolie. Elle remplissait le cadre de la fenêtre qu’elle rendait vivante avec une pureté à couper le souffle. Je la vis et la regardai ; elle me regarda et ne me vit pas. Je compris alors pourquoi les ancêtres de son pays avaient décrété que la femme, exemple vivant de la beauté, devrait être voilée car un trésor doit être secret. Oui toutes les femmes sont belles et devraient porter le voile pour être à leur seul époux et maître !
Je me rends compte que cette évocation va hérisser plus d’une féministe et toutes les femmes dites battantes de nos villes qui pensent que le temps des machos est révolu. Rassurez-vous ! J’ai eu le temps de me raviser et de comprendre que ce n’est ni un objet ni une pâle copie de l’homme que j’avais eu à contempler mais un sujet, ma sœur sinon ma mère ou celle de mes enfants ! Elle devrait donc m’inspirer du respect et de la considération. Mais les sociétés et les hommes dans diverses cultures et moments ont installées des mœurs variées qui, in fine, semblent dévaloriser la femme
Voilà peut-être pourquoi la société actuelle des pays africains, à l’instar de la nouvelle vague occidentale d’un développement égalitaire qui devrait traverser les frontières « tel quel », s’est mise à créer des institutions pour la promotion de la femme. Mieux, il semble qu’on soit passé d’une phase de sensibilisation ou de plaidoyer (journée de la femme) à une phase d’affirmation (discrimination positive) pour maintenant prôner une phase d’incrimination (institutions coercitives).
Le message est devenu pluriel, touffu et quasi confus mais se résume à une sorte de « œil pour œil, dent pour dent » Ainsi, au regard des différents et violences et abus faits aux femmes, il ne s’agit plus de revendiquer mais plutôt de s’auto-saisir de toutes les sortes de situations conflictuelles pour les juger et réparer les torts au profit de la femme. Cette nouvelle profession de foi ne reconnaît ni le culturel ni le temporel. D’Oslo à Niamey, on punira avec la dernière rigueur l’homme qui n’a pas entendu et compris le « non, non » de sa femme qui a parfaitement le droit de refuser le devoir conjugal. L’idéal consiste alors d’avoir un cahier de reconnaissance et d’acceptation.
Pire les jeunes majeurs qui osent s’amouracher de jeunes filles encore pubères se promenant quasi nues dans la rue et défilant de copains en amis, qu’ils vont finir par enceinter, connaîtront les rigueurs de la loi. Qu’importe le devenir de l’enfant qui est né ; son père ce violeur récidiviste sur la même victime consentante fera sa peine de prison. Heureusement que les institutions de la femme sont là pour garder et nourrir ces enfants. Dans un procès célèbre actuellement en cours en Angleterre, une femme accuse un homme de l’avoir violée trois fois. Ainsi, à chaque fois qu’elle va chez lui, il abuse d’elle. Mais diantre ! qu’allait-elle toujours faire dans cette galère ? L’homme est-il récidiviste ou la femme masochiste.
On se retrouve devant un amalgame terrible en partant de bonnes intentions ! On mêle un réel souci de promotion en ne donnant aucune attention à nos milieux et cultures. Tandis que presque toutes les femmes de nos administrations se débrouillent pour se faire inviter à manger à midi ; qu’elles réclament toutes les sortes de galanteries et s’ingénient à ne jamais dépenser leur salaire dans la petite famille, elles s’étonnent des conséquences. Le collègue qui donne régulièrement à manger et se détourne de son itinéraire pour aller déposer se met à oser des privautés ;
le mari ployant sous le poids des dépenses et cherchant de temps en temps des îlots de plaisir traque la bonne ou d’autres proies faciles tandis que la femme s’en remet à son pasteur qu’elle couve et couvre de cadeaux et du reste.
Sachons garder raison et attaquons ensemble les problèmes dans un esprit de compréhension et non dans une guerre ouverte qui ne tient pas compte de nos valeurs. Eduquons sans relâche pour consolider la solidarité entre les sexes, les générations et surtout apprenons à contextualiser avec discernement les influences de la modernité.
Ah femmes : que nous reste-t-il de toi qui nous tiens, nous retiens et nous tue !

Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Les plus récents

error: Vous n'avez pas le droit de copier ce contenu !