Des enseignants et encadreurs du Primaire et du Secondaire sont désormais outillés pour efficacement aider les apprenantes à gérer leurs périodes de menstrues sans honte ni peur. 20Au cours d’un atelier de formation qui a duré cinq jours (12 au 15) à l’hôtel Azalaï de la Plage, ils ont été faits formateurs des formateurs sur l’ensemble des questions touchant à la Gestion de l’Hygiène Menstruelle (GHM) en milieu scolaire.
«L’ignorance du personnel enseignant et d’encadrement sur les besoins spécifiques des filles en période de menstrues et les douleurs menstruelles sont autant de facteurs qui limitent la participation des filles aux activités académiques et par ricochet, hypothèquent leurs performances. La non-prise en compte des besoins des filles adolescentes en ce qui concerne l’hygiène et la santé sexuelle, l’absence ou l’insuffisance des toilettes appropriées sont les principales causes de l’abandon précoce des classes par les jeunes adolescentes au Bénin. » Ces propos sont ceux de Saskia Castelein, partenaire financier du Programme WSSCC, intervenue depuis la Belgique par visioconférence. Ils relancent les débats sur l’hygiène menstruelle et la santé sexuelle. Les assises de Cotonou portant sur la formation des formateurs en est une illustration, selon Dr Eléonore Gandjeto, directrice adjointe de cabinet du ministère béninois de la Santé. « Pour promouvoir de bonnes pratiques d’hygiène menstruelle, briser les tabous liés à la menstruation et réduire les stigmatisations et leurs conséquences sur les filles et les femmes, le Gouvernement béninois s’est engagé à intégrer la Gestion de l’Hygiène Menstruelle dans ses programmes en vue d’atteindre la cible 6.2 des Objectifs du Développement Durable », a-t-elle laissé entendre en réaction au constat de Saskia Castelein.
Point n’est besoin de rappeler que la non-prise en compte de la GHM dans les politiques publiques réduit l’efficacité des secteurs clés comme l’éducation avec d’énormes conséquences sur l’éducation, la santé, notamment la santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles. Pour la directrice générale de l’Agence Nationale des Soins de Santé Primaires, Dr Olga Houinato « les menstruations sont un processus normal, physiologique auquel est exposée la moitié de la population mondiale pendant une grande partie de la vie. Dès lors, la santé et l’hygiène menstruelle sont des conditions essentielles pour la dignité et le bien-être des filles et des femmes. C’est pourquoi, pour l’Etat béninois, garantir l’accès aux services de la santé et de l’hygiène menstruelle, c’est contribuer significativement à la réalisation des droits, à l’assainissement, à la santé, à l’éducation des filles et des femmes. »
Formés pour former en retour leurs collègues à aider mieux que par le passé leurs filles et jeunes sœurs à gérer sans honte ni peur leurs périodes menstruelles, ces points focaux des ministères sous-sectoriels du Primaire et du Secondaire se disent prêts pour la mission.
Au Bénin comme dans bien d’autres pays, les menstruations restent un sujet tabou. Les nombreuses attitudes et croyances négatives qui sont associées aux règles qu’elles soient douloureuses ou non, sont sources de stigmatisation et de discrimination. En raison de manque d’accès aux connaissances, aux produits et services relatifs à la santé de l’hygiène menstruelle, les menstruations restent synonymes de peur, de gêne, de honte et même parfois de déscolarisation. Ceci empêche les filles et les femmes de bien gérer leurs règles. C’est donc pour corriger ces préjudices qui portent atteinte à la dignité féminine et pour renforcer l’égalité entre les sexes, conformément aux objectifs de développement durable que l’Etat béninois a intégré dans sa stratégie nationale, la gestion de l’hygiène menstruelle aux côtés de la promotion de l’hygiène et de l’assainissement de base.
Romuald D. LOGBO
