Mutations post-rentrée dénoncées, agrément incriminé dans le secondaire : Le Ministre Lucien Kokou sur la braise - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde
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Mutations post-rentrée dénoncées, agrément incriminé dans le secondaire : Le Ministre Lucien Kokou sur la braise

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Plusieurs foyers de tension sont allumés actuellement contre le Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle, avec en tête le ministre Lucien Kokou verbalement malmené au sein de l’opinion sur deux fronts principaux : le champ syndical avec le pool des enseignants contractuels du secondaire remontés contre les mutations post-rentrée, et le management administratif de l’institution au travers d’une Note de service sérieusement querellée. Le Ministre entre l’étau et l’enclume, abdique et s’abonne à un silence suicidaire.

A l’instar du périlleux feuilleton Ajavon, la période post-rentrée semble bien agitée pour le Ministre de l’enseignement secondaire. Lucien Kokou résolument muet, auteur d’une des bourdes monumentales au sein de la République, est actuellement sur la braise, essuyant d’une part la colère d’Alexandre Adjinan et de ses collègues de l’Intersyndical des enseignants contractuels du secondaire, dans le désormais dossier des mutations dénoncées et d’autre part, l’indignation et la révolte douce d’une frange du personnel du ministère et des populations en lien avec cet agrément spectaculaire et éprouvant qu’il a pompeusement donné via une Note de service prise le 02 novembre 2016, pour autoriser un opérateur économique sans l’avoir mis en concurrence, à établir des pièces d’identification aux enseignants et apprenants dans les établissements publics du Bénin. Un document administratif qui a suscité, toute la semaine dernière et surtout le weekend, des vagues au sein de l’opinion et dans la presse. En effet, pour revenir au premier motif d’insatisfaction et de bruit de botte, il a été procédé au niveau de ce sous-secteur de l’enseignement à de nouvelles mutations, environ trois semaines après la rentrée officielle des classes. De l’avis du syndicaliste, ces mutations sont inopportunes et ont été faites en violation des textes qui régissent cette matière. « Des enseignants nouvellement mutés n’ont même pas encore reçu leurs emplois du temps dans les établissements publics où ils sont affectés… ces mutations paralysent les activités dans les établissements et nous exigeons à ce qu’elles soient rapportées au plus tard ce lundi (hier donc) », a déclaré Alexandre Adjinan, porte-parole de l’Intersyndical, sur le plateau de Actu-Matin de Canal3, vendredi dernier. « Il ne s’agit pas d’une menace, mais les autorités, elles-mêmes, savent qu’elles doivent rapporter ces mutations », a-t-il répondu à notre confrère Thanguy Agoï, avant de promettre de dénoncer, les prochains jours, les chefs d’établissements aussi complices de ces mutations en pleine année scolaire qu’il qualifie d’ailleurs de sélectives. A voir de près, on peut bien s’interroger sur la pertinence d’une telle mutation en pleine année scolaire. Conformément aux dispositions établies, la liste des mutés doivent être disponible un mois avant la rentrée même si l’Arrêté 1992-370 du 28 avril 1992 portant réglementation de la politique de mutations du personnel enseignant, en son article 7 explicite que des réajustements compris entre 10, 15 ou 20 enseignants, peuvent s’opérer pendant le premier trimestre après la rentrée. Le sous-secteur de l’enseignement primaire, malgré son cortège de difficultés, est parvenu à répondre dans le délai à cette obligation. Le secondaire y a consacré des jours plus tard, précisément à environ deux semaines de la rentrée. Et comme cette violation ne suffisait pas, nous voilà en train de gérer la fronde des enseignants, du fait de nouvelles mutations qui, fort curieusement, interviennent en pleine année scolaire. C’est à croire qu’on est totalement ignorant des conséquences que de tel agissement pourrait causer au fonctionnement normal des activités académiques. Sauf, si l’intention relève d’un règlement de compte.

De l’agrément donné…

Quant au second sujet, lui aussi source de grogne, il a trait à cette sulfureuse Note de service du 26 Octobre 2016 prise par le Ministre Lucien Kokou, qui, extraordinairement, labélise et crédite la société SAMTAL-TECHNOLOGIE Sarl d’un perfectionnisme inouï doublé d’une dose de qualité et de confiance pour gagner, à elle seule, le marché d’établissement de pièces d’identification aux enseignants et apprenants des établissements publics du Bénin. L’autorité ministérielle, certainement trop puissante, a donné donc carte blanche à cette société seulement immatriculée le 20 Juillet 2016 au Registre du Commerce et de Crédit Mobilier d’Abomey sous le numéro RB / ABY / 16 B 182 et principalement gérée et administrée par le sieur Jean-Claude Martial TALON, pour réaliser cette activité de plusieurs millions voire milliards de Francs Cfa sans se préoccuper de la mettre en concurrence conformément aux exigences du marché public. Pour certains personnels du ministère qui ont requis l’anonymat, la sélection de l’opérateur comporte bien les germes d’une remise en cause. D’ailleurs, les brouilles verbales s’inscrivent bien dans cette démarche de contestations du document ministériel. Heureusement qu’aux dernières nouvelles, Lucien Kokou s’est empressé de rapporter cette Note de service pour éviter d’avoir au dos, une frange du personnel du ministère déjà menaçante, les syndicalistes et même de simples individus irrités par la décision du ministre.
L’un dans l’autre, ces deux dossiers semblent donner le tournis au Ministre de l’enseignement secondaire qui doit prioritairement dialoguer, puis manœuvrer objectivement pour sortir de l’impasse.

Serge-David ZOUEME

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