Que de reformes ! Que d’idées nouvelles et louables mais aussi que de tâtonnements en ce moment dans notre éducation, notamment dans l’Enseignement secondaire. En réalité, c’est facile de résumer ce qui se passe à ce niveau : ‘‘qui trop embrasse, mal étreint’’.
Nous avions fait plusieurs documents de politique pour notre système ; ils nous prennent généralement beaucoup de temps et à l’arrivée, ne nous servent pas à grand-chose, car nous créant que des maux. Cela embrouille la plupart des cadres pendant que les partenaires y piochent quelques ‘‘trucs’’ pour de minables subsides et le plus important à savoir la mise en œuvre est impossible. Ce qui est la cause de cet embrouillamini dans notre éducation, c’est trop de théories qui nous sont imposées par des hommes qui semblent connaître mais qui ne comprennent pas vraiment le système et qui ne semblent pas avoir de confort d’écoute avec ceux qui peuvent les aider à gouverner notre éducation (vrais syndicalistes, bons techniciens).
Personne n’est né avec la science infuse ; c’est pourquoi il faut identifier, repérer et composer avec ceux qui étaient là avant, sans parti-pris et surtout en mettant de côté les querelles partisanes. Je soutiens absolument que l’éducation béninoise a fortement évolué depuis deux décennies. En même temps, il est important d’identifier les goulots d’étranglement qui ne résident pas nécessairement dans la qualité de la main-d’œuvre que nous avions, mais de leur mauvaise utilisation. Nous avions certainement une démocratie politique ; peut-être une démocratie économique mais pas du tout cette démocratie sociale ou administrative qui permet au cadre de s’exprimer et de donner son avis.
Depuis les structures déconcentrées jusqu’à celles centrales, les agents et les cadres se taisent et regardent leurs petits ou grands chefs faire ! Quand il y a des velléités d’intervention, cela est étouffé dans l’œuf par celui qui représente l’autorité centrale qui ne supporte pas les contradictions de ceux qui sont dans les structures déconcentrées. De même, les cadres des ministères subissent la quasi coercition d’autres qui sont dans des agences faîtières qui les appellent, les interpellent et les houspillent croyant détenir une science certaine. Je me souviens de cette anecdote concernant un des ministères en charge de l’éducation où après l’élaboration d’un document de politique sous-sectoriel, l’autorité ministérielle confia à un cadre supérieur le soin de recueillir l’avis des autres directeurs et inspecteurs. Lorsque, pendant la séance, les cadres ont commencé à relever les problèmes, voire les incongruités du document présenté, le grand chef qui dirigeait la séance dont la plus grande qualité était d’avoir l’oreille de l’autorité supérieure du ministère, assena de façon péremptoire une phrase qui immobilisa toutes et tous : « ce n’est pas la vision du Ministre » !
Plus personne n’osa placer un mot face à quelqu’un qui détenait à l’évidence la pensée et sûrement la confiance de l’autorité. En réalité, ce qui se passait, c’est que ces genres de conseillers qui avaient mal orienté les autorités ne souhaitaient pas que d’autres voix discordantes interviennent pour ressortir les problèmes, sinon les lacunes.
On rencontre donc des gens imbus de leurs prérogatives d’hommes de confiance ou d’hommes nommés au gré de quelques changements politiques qui ne prennent pas la sagesse nécessaire de composer avec les cadres et agents qui pourraient élever leurs niveaux.
Le problème crucial qui nous interpelle en ce moment par-delà plusieurs autres que nous connaissons est celui de cette hétérogénéité des enseignants. Nous devons lui consacrer une attention particulière en partant de sa source : le PAS (Le Programme d’Ajustement Structurel) notamment pour analyser cette course en avant qui a donné cette pluralité de types d’enseignants. Il doit s’ajouter à cela un état des lieux de la problématique de l’aspiranat, initiative bien pensée et qui semble connaître des problèmes d’exécution dans la mesure où on laisse sur le carreau une large part des titulaires de CAPES et de diplômes pédagogiques. Ce travail doit aller avec la redéfinition de nos curricula qui doivent être allégés pour aller vers la compétence et non la compilation. Ceci permettra d’avoir besoin de moins d’enseignants d’ailleurs et de retravailler les principes de leur redéploiement. Le plus urgent, c’est de se mettre ensemble et de se parler. Que les langues se délient donc et que nous dépassions l’écueil principal à savoir la gouvernance de notre éducation !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe